Renforcement de l'adaptation aux changements au Cameroun : la nécessité d'un système climatique efficace de suivi, d'évaluation et d'apprentissage

Par Mesmin Tchindjang, enseignant et expert en adaptation aux changements climatiques

{La version anglaise suit}

Le Cameroun, nation d'Afrique centrale caractérisée par cinq zones agroécologiques, est confronté à des risques climatiques croissants et à des dangers de plus en plus manifestes et récurrents, tels que les inondations, les sécheresses et les vagues de chaleur. Ses milieux diversifiés allant du sud humide et forestier au nord sahélien sont touchés par des changements dans les modèles de prélèvement, ainsi que par une augmentation des températures. Ces changements ont exacerbé les défis agricoles, diminué les ressources en eau et augmenté les menaces liées à la sécurité alimentaire, laissant au moins trois millions de personnes vulnérables face à ces événements climatiques extrêmes.

Reconnaissant ces enjeux, le Cameroun a présenté son plan national d'adaptation (PNA) en 2015. Cette initiative ambitieuse englobe 20 projets et 148 mesures d'adaptation à travers 12 secteurs et des thèmes transversaux ou prioritaires. Cependant, une évaluation dudit PNA en 2021 a révélé une lacune majeure : l'absence d'un système opérationnel de suivi, d'évaluation et d'apprentissage (SEA) pour surveiller la progression par rapport à la mise en œuvre de toutes les mesures. d'adaptation recommandée. Les systèmes de SEA sont utilisés pour offrir une approche structurée permettant de suivre les progrès, d'évaluer les résultats et d'apprendre afin de s'assurer que les stratégies d'adaptation climatique atteignent efficacement les résultats escomptés. Pour combler cette lacune, et en prévision de la prochaine mise à jour du PNA, le Cameroun a entrepris une technique d'analyse avec le soutien du Réseau mondial de PNA en vue d'éclairer la création d'un système de SEA d'adaptation.

Approche de l'analyse technique : méthodologie et processus

La méthodologie employée pour l'analyse technique comprend :

  1. une revue générale de la littérature existante sur les approches, outils, sources de données et indicateurs de SEA aux niveaux national, sectoriel et local, suivie d'une analyse SWOT du PNA et du bilan de SEA ;
  2. des entretiens individuels avec des acteurs clés ;
  3. un questionnaire ; et
  4. deux ateliers de renforcement des capacités avec les parties gouvernementales nationales, communales et locales, des représentants d'OSC et d'ONG, et de l'Observatoire national sur les changements climatiques. Ces ateliers se sont concentrés sur les objectifs, les lacunes et les besoins du SEA futur, et sur le renforcement des capacités pour la mise en œuvre du système de SEA.

Un regard sur les pratiques de SEA de l'adaptation aux changements climatiques au Cameroun

Le PNA du Cameroun envisage de construire une société résiliente aux changements climatiques, un défi que le gouvernement camerounais voit comme une opportunité de développement. Cependant, les pratiques actuelles de SEA ne sont pas suffisamment définies ou comprises, et il est nécessaire d'inclure tout le monde dans le processus, surtout lorsqu'il s'agit du genre, qui n'est actuellement pas bien intégré dans les mécanismes. de SEA/PNA.

Ces observations ont permis de construire et d'élaborer des indicateurs précis et des cadres logiques, la théorie du changement et une grille pour surveiller et évaluer la performance des activités mises en œuvre dans le cadre des programmes d'adaptation au Cameroun. De plus, un mécanisme institutionnel détaillant le rôle des différents acteurs aux niveaux communal, régional et national a été créé pour opérationnaliser le système de SEA proposé dans ses trois principales composantes, et pour mieux organiser le renforcement des capacités et la diffusion des informations qui s C'est mon rapporteur.

Recommandations : vers un SEA amélioré pour l'adaptation aux changements climatiques au Cameroun

  • Diversité des données et des informations : Il est important d'adopter une approche multifacette dans la collecte et la diffusion de l'information. Des critères et des outils d'évaluation sont proposés dans le cadre du processus de SEA/PNA. Des méthodes quantitatives et qualitatives sont recommandées pour collecter, analyser, stocker et présenter les informations. Cette collecte de données s'appuiera sur trois principaux domaines disciplinaires : les sciences naturelles et appliquées, les sciences sociales appliquées et les sciences de l'environnement, complétées par des méthodes participatives.
  • Diversité des sources : Ces informations et données se nourriront de sources administratives, d'archives, de politiques, de planification, de documents de programme et de stratégie, et, bien sûr, de la collecte de données primaires sur le terrain (observations, entretiens par questionnaire, enquêtes , etc.).
  • Apprentissage actif : Il est également suggéré que ces évaluations et les données qui en résultent soient utilisées pour un apprentissage actif. Ceci peut être abordé à travers des approches intuitives, accidentelles, rétrospectives ou prospectives.
  • Partage des résultats : Il est vivement recommandé de diffuser et de communiquer les résultats du projet (rapports, outils, événements, matériel d'apprentissage, etc.) pour permettre une meilleure appropriation par les partenaires des objectifs, activités, résultats et besoins du projet.
  • MER au centre : Compte tenu de l'absence de SEA et du faible niveau de considération du PNA dans les documents sectoriels et les plans de développement locaux/communaux et régionaux (et malgré les difficultés éventuelles inhérentes à la conception du système de SEA), il est recommandé que le SEA devient un véritable outil de soutien du PNA pour toutes les organisations, municipalités et administrations sectorielles. Chacune des institutions devra construire son système en interne, soutenu par une coordination interministérielle efficace pour faciliter la diffusion et l'adoption du système de SEA.
  • Intégration numérique : En plus de renforcer les capacités des parties prenantes sur le SEA/PNA, le besoin de diffusion conduit à proposer au ministère de l'Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (MINEPDED), qui centralise le SEA/PNA, la mise en place d'un site web consacré au SEA/PNA afin de l'intégrer au Centre d'information et de documentation sur l'environnement (CIDE) actuel.

Avec le bon système de SEA en place pour le processus de PNA, le Cameroun pourra mieux naviguer à travers les défis liés aux changements climatiques, assurant un avenir résilient et prospère pour sa population. Pour plus d'informations et des conclusions détaillées, lisez le rapport : https://napglobalnetwork.org/resource/sea-de-ladaptation-au-cameroun/

photo de maisons et d'arbres sur une colline à Yaoundé, Cameroun
Crédits photos : Edouard Tamba

Renforcer l’adaptation au changement climatique au Cameroun : la nécessité d’un système efficace de suivi, d’évaluation et d’apprentissage

Par Mesmin Tchindjang, professeur et expert en adaptation au changement climatique

Le Cameroun, pays d'Afrique centrale caractérisé par ses cinq zones agroécologiques, est confronté à des risques climatiques croissants et à des dangers de plus en plus intenses, tels que les inondations, les sécheresses et les vagues de chaleur. Ses diverses régions – du sud humide et forestier au nord sahélien – ont connu des changements dans les régimes de précipitations et des augmentations de température. Ces changements ont exacerbé les défis agricoles, entraîné une diminution des ressources en eau et accru les menaces pour la sécurité alimentaire, laissant au moins 3 millions de personnes vulnérables à ces événements climatiques extrêmes.

Conscient de ces défis, le Cameroun a présenté son plan national d'adaptation (PAN) en 2015. Cette initiative ambitieuse englobe 20 projets et 148 mesures d'adaptation dans 12 secteurs et thèmes transversaux ou prioritaires. Une évaluation du PAN réalisée en 2021 a cependant révélé une lacune majeure : l’absence d’un système opérationnel de suivi, d’évaluation et d’apprentissage (MEL) pour suivre ses progrès dans la mise en œuvre de toutes les mesures d’adaptation recommandées. Systèmes MEL sont utilisés pour fournir une approche structurée pour suivre les progrès, évaluer les résultats et apprendre afin de garantir que les stratégies d’adaptation au changement climatique atteignent efficacement les résultats escomptés. Pour répondre à cela, et en prévision de la prochaine mise à jour du PAN, le Cameroun a entrepris une l'analyse technique, soutenu par le réseau mondial NAP, pour éclairer la mise en place d'un système MEL d'adaptation.

L’approche d’analyse technique : méthodologie et processus

La méthodologie utilisée pour l'analyse technique comprenait

  1. une vaste revue de la littérature sur les approches, outils, sources de données et indicateurs MEL existants aux niveaux national, sectoriel et local, suivie d'une analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces (SWOT) du PAN et du bilan MEL ;
  2. entretiens individuels avec les principales parties prenantes ;
  3. un questionnaire; et
  4. deux ateliers de renforcement des capacités avec les acteurs des gouvernements nationaux, communaux et locaux, ainsi que des représentants de la société civile et des organisations non gouvernementales et de l'Observatoire national des changements climatiques. Ces ateliers se sont concentrés sur les objectifs, les lacunes et les besoins du futur MEL et sur le renforcement des capacités pour la mise en œuvre du système MEL.

Un regard sur les pratiques MEL d'adaptation au changement climatique au Cameroun

Le PAN du Cameroun envisage de construire une société résiliente au changement climatique, un défi que le gouvernement camerounais considère comme une opportunité de développement. Cependant, les pratiques actuelles de MEL ne sont pas correctement définies ou comprises, et il est nécessaire d'inclure tout le monde dans le processus, en particulier lorsqu'il s'agit de prendre en compte le genre, qui n'est actuellement pas bien intégré dans les mécanismes MEL/NAP.

Ces observations ont éclairé l’élaboration d’indicateurs et de cadres logiques spécifiques, de la théorie du changement et d’une grille de suivi et d’évaluation de la performance des activités mises en œuvre dans le cadre des programmes d’adaptation au Cameroun. En outre, un mécanisme institutionnel détaillant le rôle des différents acteurs aux niveaux communal, régional et national a été développé pour opérationnaliser le système MEL proposé et ses trois composantes principales et pour mieux organiser le renforcement des capacités et la diffusion des informations qui y sont liées.

Recommandations : Vers une MEL améliorée pour l’adaptation au changement climatique au Cameroun

  • Diversifier les données et les informations : Il est important d’adopter une approche multidimensionnelle dans la collecte et la diffusion de l’information. Dans le cadre de ce processus MEL/NAP, des critères et des outils d'évaluation sont proposés. Des méthodes quantitatives et qualitatives sont recommandées pour collecter, analyser, stocker et présenter des informations. Cette collecte de données s'appuiera sur trois domaines disciplinaires principaux : les sciences naturelles et appliquées, les sciences sociales appliquées et les sciences de l'environnement, complétées par des méthodes participatives.
  • Diversifier les sources: Ces informations et données se nourriront des sources administratives, des archives, des documents de politique, de planification, de programme et de stratégie et, bien entendu, de la collecte de données primaires sur le terrain (observations, entretiens par questionnaire, enquêtes, etc.).
  • Soutenez l’apprentissage actif : Les évaluations et les données qui en résultent doivent être utilisées pour un apprentissage actif. Cette recommandation peut être abordée au moyen de stratégies intuitives, accidentelles, rétrospectives et prospectives.
  • Partager les résultats : Il est fortement recommandé de diffuser et de communiquer les résultats du projet (rapports, outils, événements, matériels d'apprentissage, etc.) pour permettre leur meilleure appropriation par les partenaires des objectifs, des activités, des résultats et des besoins du projet.
  • Gardez MEL au centre : Compte tenu de l’absence de MEL et du faible niveau de prise en compte du PAN dans les documents sectoriels et les plans de développement local/communal et régional (et malgré les éventuelles difficultés inhérentes à la conception du système MEL), il est recommandé que la MEL devienne un véritable outil. soutenir le PAN pour toutes les organisations, municipalités et administrations sectorielles. Chacune des institutions devra construire son système et être soutenue en interne par une coordination interministérielle efficace pour faciliter la diffusion et l'adoption du système MEL.
  • Prise en charge de l'intégration numérique : Outre le renforcement des capacités des acteurs sur le MEL/NAP, le besoin de diffusion conduit à proposer au Ministère de l'Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED), qui centralise le MEL/NAP, la mise en place d'un site internet dédié au MEL/NAP, pour l'intégrer dans le Centre d'Information et de Documentation Environnementale (CIDE) existant.

Avec le bon système MEL en place pour le processus PNA, le Cameroun peut mieux relever les défis du changement climatique, garantissant ainsi un avenir résilient et prospère à sa population. Pour plus d’informations et des résultats détaillés, lisez le rapport : https://napglobalnetwork.org/resource/sea-de-ladaptation-au-cameroun/