Société civile et secteur privé : deux partenaires essentiels pour un processus de PNA réussi en Haïti

Par Patrick Saint-Pré, conseiller en communication

Selon Germanwatch rapport annuel (publié en marge de la COP21 à Paris), au cours des 20 dernières années, Haïti a été l'un des trois pays les plus touchés par les événements météorologiques extrêmes, qui sont susceptibles d'augmenter compte tenu du rythme actuel du réchauffement climatique.

Une analyse par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (IPCC) montre que de 1990 à 2016, Haïti a été le pays des Caraïbes le plus touché par les catastrophes naturelles (trois sécheresses, une épidémie, 22 inondations et 23 tempêtes et ouragans), avec une tendance à la hausse due au changement climatique.

Selon Calculs de la Banque mondiale qui précisent également que la production représentant 56 % du PIB du pays est située dans des zones sujettes aux catastrophes, et que des inondations récurrentes pourraient donc entraîner un impact économique d'environ 2 % du PIB.

L'ouragan Matthew, qui a frappé le pays en 2016, a causé pertes et dommages estimés à 32% du PIB 2015, tandis que le tremblement de terre de 2010 qui a tué environ 250,000 120 personnes a anéanti XNUMX % du PIB national.

Le changement climatique étant susceptible d'entraîner une augmentation de la fréquence, de l'intensité et de l'impact des phénomènes météorologiques extrêmes, le pays manque encore de mécanismes de préparation et d'adaptation adéquats.

Les eaux de crue dans la ville des Gonaïves après la tempête tropicale Jeanne ont déchiré Haïti en 2004. Au cours des 20 dernières années, Haïti a été l'un des pays les plus touchés par les phénomènes météorologiques extrêmes. (Photo : ONU)

Pour tenter de résoudre cette situation, Haïti a lancé une Processus d'élaboration du Plan national d'adaptation (PAN) en août 2019 pour enfin se doter de cet outil important pour accroître la résilience des secteurs économiques stratégiques du pays. En effet, le processus PNA vise à faciliter la planification, l'évaluation, le financement et la mise en œuvre des mesures d'adaptation au niveau national et constitue une nécessité pour les pays en développement, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID) comme Haïti, dans le cadre de leur stratégie de lutte contre le changement climatique.

De plus, si Haïti veut contrer efficacement la grande variété de menaces auxquelles elle est actuellement confrontée (telles que les ouragans, la sécheresse, etc.), il devra mettre en œuvre un plan d'action spécifique axé sur la communication et la sensibilisation dans le domaine de l'adaptationL’ Stratégie de communication du processus PNA vise, par exemple, à guider le gouvernement haïtien, à court et moyen termes, dans la conduite de ses communications avec ses partenaires et avec tous les secteurs concernés par ses priorités d'adaptation et d'atténuation.

Pour cette raison, en juillet 2020, un certain nombre d'acteurs ont été consultés dans le cadre spécifique de l'élaboration de la stratégie du PAN concernant leur perception des priorités du gouvernement haïtien en matière d'adaptation au changement climatique. Les réponses apportées par le secteur privé et par les représentants de la société civile, entre autres, fournissent donc des repères qui indiquent comment ces acteurs peuvent s'impliquer davantage dans la mise en œuvre de cette stratégie de communication.

L'un des nombreux défis auxquels est confronté le processus du PNA en Haïti est de susciter l'implication du secteur privé haïtien malgré le peu d'intérêt qu'il a manifesté à ce jour pour les questions d'adaptation. La stratégie de communication vise donc à sensibiliser ces acteurs clés au rôle essentiel qu'ils jouent dans la réussite du processus PNA.

Lors de l'atelier de validation de cette stratégie, un représentant du secteur privé a souligné à juste titre que pour impliquer ces acteurs dans le processus du PNA, le gouvernement haïtien devra monter des projets rentables avec des entrepreneurs locaux ; sinon, il sera vain d'essayer de les convaincre que l'adaptation contribue à la compétitivité et à la durabilité.

Il est clair que l'État haïtien doit coopérer avec le secteur privé pour se donner les moyens d'identifier les sources de financement des actions d'adaptation afin d'assurer la pérennité des projets et investissements privés. Ce faisant, le gouvernement haïtien veillera à ce que la participation du secteur privé au processus du PNA assure la protection de ses propres investissements contre les menaces de catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes.

Quant aux membres de la société civile, leur dispersion et le manque d'actions coordonnées peuvent apparaître à première vue comme des obstacles insurmontables. 

Cette stratégie propose une voie à suivre qui consisterait à mobiliser les associations de journalistes, en particulier le réseau existant de journalistes environnementaux, comme un lien important pour diffuser l'information et assurer la sensibilisation concernant les activités liées au processus PNA.

Dans son discours prononcé à l'ouverture de l'atelier de diffusion, James Cadet, Ministre haïtien de l'Environnement, a reconnu le rôle crucial des journalistes. Par exemple, ils jouent un rôle important dans la réduction des risques de catastrophe liés au changement climatique en sensibilisant les décideurs à la nécessité de mettre en place des mesures d'adaptation pour atténuer les dégâts. Dans le même temps, les journalistes contribuent en rendant compte efficacement de ces mesures et stratégies au grand public, en favorisant l'appropriation et l'appropriation parmi eux. .

S'appuyer sur ce réseau fiable et compétent pour promouvoir l'adaptation comme une question d'actualité dans le paysage médiatique haïtien servira de cri de ralliement qui pourrait stimuler une synergie vitale pour les initiatives de la société civile traitant de l'adaptation. Il s'agira d'une étape préalable à la mise en place d'une table ronde de partage d'expériences et de connaissances sur la mise en œuvre des mesures d'adaptation au niveau local.

En bref, pour un processus de PNA réussi en Haïti, cette stratégie recommande que des alliances puissantes soient construites pour unir le gouvernement et la société civile, ainsi que les universités, les partenaires au développement et le secteur privé.

Cliquez sur l'image pour lire le rapport complet (en français).
Ligne de production dans une usine de vêtements locale en Haïti : le gouvernement doit mettre en place des projets rentables avec des entrepreneurs locaux pour les impliquer dans le processus PNA. (Photo : Marcel Crozet/OIT)
Jean Cadet, ministre haïtien de l'Environnement
James Cadet, ministre haïtien de l'Environnement, a reconnu le rôle crucial des journalistes dans le processus du PAN.