"Si vous ne pouvez pas décrire l'analyse de rentabilisation, il n'y aura pas d'adaptation." C'est le message que Christiana Figueres, secrétaire exécutive sortante de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a partagé lors de la conférence Adaptation Futures 2016 aux Pays-Bas en mai, et que les planificateurs de l'adaptation devraient prendre au sérieux.
À mesure que le changement climatique s'intensifie, il aura un prix, à la fois par les dommages causés par des conditions météorologiques extrêmes et par des conditions météorologiques variables ayant des impacts négatifs sur les moyens de subsistance des communautés. Les sécheresses entre 1998 et 2000 ont coûté au Kenya environ 2.8 milliards de dollars, soit plus de 2 % de notre PIB à l'époque, et ce type de phénomènes météorologiques extrêmes devrait devenir plus fréquent et plus intense.
Notre travail à présent, en tant que planificateurs de l'adaptation, consiste à fournir des chiffres concrets et des preuves pour qu'il soit parfaitement clair qu'il existe une analyse de rentabilisation pour les plans nationaux d'adaptation.
Dans mon travail pour la Direction du changement climatique du Kenya, nous menons des projets pilotes d'analyse de rentabilisation axés sur les chaînes de valeur dans la production de volaille, la production laitière et laitière et la production céréalière. L'objectif est de démontrer le potentiel d'adaptation des analyses de rentabilisation dans les différents secteurs de notre économie. Cela serait particulièrement utile dans nos régions arides où la sécheresse, et parfois les inondations, sont un problème permanent aggravé par le changement climatique. Les premiers résultats indiquent que certaines des zones arides et semi-arides, traditionnellement considérées comme improductives, peuvent être transformées en zones de sécurité alimentaire économiquement dynamiques en abordant des éléments des chaînes de valeur. Notre approche consiste à équilibrer l'adaptation pour les zones arides et semi-arides avec une construction résiliente pour les zones à fort potentiel du pays, qui ont traditionnellement agi comme les « paniers alimentaires » du pays, afin de garantir que nous ne compromettons pas notre sécurité alimentaire.
En plus de ces projets pilotes, nous améliorons également le suivi du financement de l'adaptation. Les flux de financement climatique pour l'adaptation sont complexes et proviennent d'un large éventail de sources (les donateurs bilatéraux étant les plus importants). Les préoccupations d'adaptation sont très étroitement liées aux préoccupations de développement, et il peut donc être difficile d'identifier quels fonds devraient être considérés comme des financements d'adaptation plutôt que comme des financements de développement (lorsque les deux peuvent être dissociés du tout !). Le problème n'est pas rendu moins complexe par notre approche de la lutte contre le changement climatique, qui consiste à intégrer les actions d'adaptation (et d'atténuation) dans la planification et la mise en œuvre du développement. D'autres défis incluent les divergences entre les rapports des donateurs et des bénéficiaires, et les obligations nationales en matière de rapports peuvent souvent prévaloir sur les obligations internationales en matière de rapports.
Au Kenya, nous prenons des mesures pour surmonter ces difficultés de suivi du financement de l'adaptation. En mai 2016, le Loi sur les changements climatiques a vu le jour, ouvrant la voie à un développement sobre en carbone et résilient au changement climatique. La loi opérationnalise notre politique-cadre nationale sur le changement climatique (2014). Il établit un mécanisme de coordination de haut niveau sur le changement climatique avec un Conseil national sur le changement climatique, présidé par le président et une direction du changement climatique, qui sera l'agence gouvernementale responsable des plans et actions nationaux sur le changement climatique pour assurer la coordination opérationnelle. Il crée également un Fonds national sur le changement climatique pour suivre les flux de financement climatique. Le fonds est prévu pour financer des actions prioritaires sur le changement climatique. Nous nous attendons également à ce que notre examen des dépenses publiques et du budget pour le climat établisse une base de référence sur le financement de l'adaptation dans le pays qui nous aidera à suivre nos progrès en matière d'adaptation. Et plus largement, nous avons créé un cadre de mesure, de suivi, d'évaluation, de vérification et de communication des résultats des actions d'adaptation appelé Cadre MRV+. Ce cadre est désormais ancré dans la loi, ce qui lui donne l'appui juridique nécessaire.
Nous devons agir rapidement sur l'adaptation pour renforcer notre résilience face aux nouvelles menaces climatiques. Un plan d'adaptation national bien exécuté a le potentiel d'être extrêmement bénéfique sur le plan économique pour les gouvernements et les citoyens, au lieu de s'en tenir à une approche de statu quo dans un climat changeant. En tant que planificateurs de l'adaptation, convaincre nos parties prenantes et nos décideurs politiques de la nécessité d'intensifier les efforts d'adaptation de nos pays impliquera de présenter une analyse de rentabilisation solide. Nous le ferons en suivant où vont les financements et les impacts de ces financements sur l'amélioration des moyens de subsistance et la réduction de la pauvreté, ainsi qu'en identifiant les lacunes et en montrant où des progrès sont réalisés.
Stephen King'uyu est le coordinateur du Plan d'action national sur le changement climatique du Kenya.
Lisez la présentation de M. King'uyu du forum thématique ciblé du réseau mondial NAP sur "Financement des PAN : options de mise en œuvre» tenue en mars 2016.
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